Le 1° novembre 2022, Médiacités révélait que les eaux de Châteldon, de Vichy Saint-Yorre et de Vichy Célestins étaient traitées au sulfate de fer heptahydraté, substance interdite dans les eaux minérales et réservée aux procédés industriels.
Ce sulfate de fer, poursuit l'article, est "traditionnellement utilisé pour le traitement des eaux usées. Il sert à des applications sans certification nécessaire."
Cette révélation fait l'objet d'une enquête de la part de la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes. En effet, ces trois marques revendiquent l'appellation "eau minérale naturelle" et doivent, à ce titre, être exemptes de traitement chimique. Il y a donc "tromperie sur la marchandise".
Dans Médiacités, le lanceur d'alerte décrit le maniement des sacs de sulfate de fer:
Extrait de l'article de Médiacités
Plus grave encore, ces eaux cultivent l'image d'un produit particulièrement bon pour la santé: Vichy Célestins, c'est "le secret d'un teint éclatant", Vichy Saint-Yorre, "l'eau de la forme au quotidien". Les eaux de Vichy auraient "des bienfaits thérapeutiques de premier ordre" et délivrées sur ordonnance, seraient "des médicaments naturels et actifs" (lire ici).
En tant qu'eaux minérales naturelles, elles sont censées avoir un effet favorable sur la santé, reconnu par l'Académie de Médecine.
Or, le traitement par un produit industriel servant au démoussage des toits, produit non déclaré et non contrôlé, introduit au contraire un facteur de risque sanitaire.
Opération de démoussage d'un toit.
Mais le plus choquant, c'est qu'un tel "traitement de cheval" soit devenu nécessaire pour rendre ces eaux potables. Car c'est bien de cela qu'il s'agit:
Extrait de l'article de Médiacités
On se rend compte ainsi du gigantesque déni, qui voulait que les eaux minérales de Vichy, provenant de couches géologiques profondes, soient protégées par une carcasse invulnérable, comme le revendique le site de l'exploitant de ces sources, la société Alma: "Captées en profondeur, nos sources sont prélevées en l’état naturel, à l’abri de la pollution humaine."
Même discours à l'Agence Régionale de Santé :
Extrait d'une lettre de Christine Debeaud, directrice départementale de l'ARS
à l'association Danger Montpertuis, 27 octobre 2017
Mais ces révélations étaient-elles une surprise pour tout le monde ? Apparemment, le problème était déjà connu. Ainsi, dans la même lettre, l'ARS indique que trois sources du bassin de Vichy ont été fermées à cause d'une circulation entre l'eau minérale et les couches superficielles (polluées) du sol:
Curieusement, on a choisi de fermer trois de ces quatre sources, mais pas la source des Célestins: enjeu financier et économique trop important? Quant à la source de Vichy Saint-Yorre, le problème se pose dans les mêmes termes, d'après un rapport de 2016:
"Les études du BRGM montrent que, localement, des fissures dans les calcaires peuvent favoriser un transfert rapide des eaux météoriques [minérales profondes] vers cette aquifère [la nappe alluviale] : une fois identifiés, les secteurs sensibles à ce phénomène doivent donc faire l’objet d’une attention particulière dans la non pollution des sols." (étude préalable à l'établissement d'une zone de loisirs à Saint-Yorre, bas de la page 35/ page 11 du pdf).
En conclusion,
Les conséquences sont graves pour Vichy.
Si l'eau de Vichy Célestins et l'eau de Vichy Saint-Yorre n'ont plus la pureté nécessaire pour être consommées sans traitement, elles ne pourront même plus être commercialisées comme des "eaux de source", et deviendront de banales et anonymes "eaux du robinet".
Cela ne fait que confirmer nos mises en garde répétées pour une vigilance accrue en matière de pollution et pour la préservation des zones humides dans l'agglomération. Car si les eaux de Vichy doivent maintenant être traitées, c'est que, comme les experts le disent depuis longtemps, le processus naturel qui purifiait les eaux souterraines a été altéré par:
- les carrières de sable (filtre naturel prélevé à nos dépens) destinées à faire du béton,
- l'artificialisation/bétonnage des sols,
- les retenues d'eau comme le pont-barrage, qui interfèrent elles aussi avec le système de filtre naturel.
- les pollutions industrielles.
Il n'est peut-être pas trop tard pour essayer de sauver d'autres sources du bassin de Vichy. Mais il va falloir renoncer à des projets. Nos dirigeants en sont-ils capables?
Parions qu'au lieu de cela, les normes de qualité des eaux minérales vont tout simplement être revues à la baisse...
Quant au journalisme, cela fait longtemps que ses normes de qualité laissent à désirer, comme nous l'avons découvert et raconté dans cet article.
Il doit bien y avoir des ....coupables !!! - y a t'il vraiment une justice, ou seulement pour le "petit" peuple soumis ! Cette eau est de l'eau vulgaire de robinet !